Sommaire
- USONIA, réflexions sur l’architecture de Frank Lloyd Wright
- Gilberto SEGUI-DIVINO, architecte
- Relation et intégration au site, une expérience joyeuse
- K. FIUMANI& G. JACQUEMOT, architectes
- Projets d’architecte : Katherine Fiumani & Gilles Jacquemot
Edito
La continuité d’intérêt pour l’architecture organique est à l’image de l’essor qu’elle prend désormais dans le monde.
Ce courant a pris naissance au tournant des 19ème et 20ème siècles avec principalement Sullivan, Wright, Horta et Rudolf Steiner. Il a connu une relative éclipse au milieu du XXe siècle due à la deuxième guerre mondiale et à la reconstruction de masse qui l’a suivie.
Cette éclipse n’a jamais été totale. Quelques chef-d’œuvre émergent de cette époque : la maison sur la cascade de Wright (1936), la maison Bavinger de Bruce Goff (1950), la chapelle de Ronchamp de Le Corbusier (1951), l’opéra de Sydney, conçu en 1956 par ]ørn Utzon.
Quand les pionniers aux USA dans les années 1890 ont retrouvé cet esprit organique, qui d’ailleurs remonte à la nuit des temps, ils voulaient au fond retrouver les sources vraies d’une architecture vivante.
Elle était à l’époque plutôt étouffée là-bas par les impératifs d’un style imposé venant de l’extérieur : qu’il s ‘ agisse de résidences, d’hôpitaux ou de banques, les édifices prenaient essentiellement des formes plus ou moins historicistes d’ersatz de Parthénon.
Alors que nos pionniers voulaient que l’architecture exprime les fonctions variées de chaque édifice (Sullivan), l’esprit propre au terroir où cela se passe (Wright), le caractère de chaque personne humaine (Bruce Goff), et ici en Europe, les formes dynamiques de l’équilibre vivant (Gaudi), l’esprit de construction du temps présent (Horta), les forces formatrices de la nature et de la nature spirituelle de l’Homme (Steiner).
Une autre alternative apparaissait cependant en Allemagne en 1919 : Le BAUHAUS voulait aussi rassembler constructeurs, artisans, artistes et industriels en un mouvement convergeant de synthèse moderne.
Mais il y avait là deux tendances essentielles qui allaient s’opposant : les fonctionnalistes de Walter Gropius, et les spiritualistes de Johannes Itten.
Comme l’a souligné ici un jour lors d’une conférence Harald Zeeman « les fonctionnalistes ont gagné ».
Pour un temps.
Le courant spiritualiste refait à présent surface, rejoint et influence même parfois le courant fonctionnaliste, et tous deux voguent de conserve et comme organiquement unis désormais, et c’est très bien ainsi ; la Beauté en art ne peut connaître de limite.
Et que l’Architecture soit de toute évidence un Art, Rudolf Steiner ne l’a-t-il pas magistralement démontré par son œuvre volontaire, consciente et libre, un art total les intégrant tous y compris musique et poésie.
Gaudi ne disait-il pas : « Seul un univers poétique est habitable », répondant ainsi à la machine habiter de Le Corbusier, qui a connu lui aussi cette métamorphose, ce « retournement » avec la Chapelle de Ronchamp.
Aussi avec les Asmussen, Alberts, Calatrava, Makovecz, Pietilä et tant d’autres, le mouvement organique prend-il aujourd’hui les formes infiniment variées que prend la Nature dont elle s’inspire en fait.
Et cette merveilleuse diversité exprime au fond une seule et même chose qui nous occupe et nous préoccupe toujours tous et toutes : la VIE, splendide, fragile, miraculeuse.
Prenons-en bien soin.
Jacques GILLET
Architecte, a enseigné durant de nombreuses années l’architecture organique à l’Institut Lombard de Liège.
Propos extraits des allocutions prononcées à Liège le 2 décembre 2005 au vernissage de l’exposition d’Architecture Organique organisée au Mamac conjointement par Pieter Van der Ree de l’Iona Stichting d’Amsterdam et l’Institut Supérieur d’Architecture Lambert Lombard de Liège.