Le squelette, image de la structuration de l’espace
Le squelette, structure porteuse du corps humain, est articulé suivant les trois plans de l’espace.
Par sa constitution, le squelette humain permet la position debout, la verticalité.
Cette position a permis le développement de la boîte crânienne (mobile sur l’axe de la colonne vertébrale). Elle a également permis de libérer les membres supérieurs pour des activités manuelles. Johannes W.Rohen (3) montre la différence entre le développement du crâne et celui des membres : développement sphérique dans le premier cas, cylindrique dans le second.
Il explique également tout ce que la verticalité a pu apporter à l’homme.
A chaque plan de l’espace est associée une polarité. Dans la verticalité, l’homme cherche l’élévation, la résistance à la pesanteur, la relation du ciel et de la terre.
Par la position verticale, l’homme a pris conscience des 6 directions de l’espace et de sa situation au centre de ces directions : le bas et le haut, l’avant et l’arrière, la droite et la gauche.
Dans la verticalité, la frontalité apporte tout d’abord la perception en 3 dimensions, en particulier par la vue (la double focale) mais aussi le besoin d’une affirmation de soi et d’une progression (de l’arrière vers l’avant, du passé vers le futur).
La marche est possible par le déséquilibre et la latéralité, l’alternance gauche/droite.
La latéralité est tranchée par le plan sagittal. Derrière la symétrie apparente, la gauche et la droite ont des caractéristiques propres : le cerveau droit est le siège de l’imagination, de l’esprit de synthèse, le cerveau gauche celui de la logique et de l’analyse.
Les membres et les organes inversent ces qualités : l’œil droit adopte les qualités du cerveau gauche, etc. Si le plan frontal est pour le corps, lourd, difficile à déplacer, comme un mur qu’il faudrait pousser pour avancer, le plan sagittal est tranchant, il permet la rapidité, la spontanéité.
Le plan horizontal est lui dans la relation avec les autres, la sociabilité, la rondeur. L’horizontalité est placée dans le corps autour de l’axe vertical, comme une toupie. Les qualités de ces différents plans peuvent être ressenties dans la pratique corporelle : la danse et les arts martiaux par exemple.
L’architecture humaine est structurée par ces directions et leurs qualités : dessus/dessous, avant/arrière, faces latérales.
Dans l’élévation, elle est une résistance à la pesanteur, une inversion des forces d’attraction : le lourd devient léger.
La latéralité et la frontalité sont mises en relation avec des éléments extérieurs qui donnent l’orientation : le soleil, le climat ou l’environnement construit, le contexte culturel.
Mais l’image du squelette humain est particulièrement prégnante dans les éléments de structure, surtout si ces éléments sont en relation avec la croissance du végétal ou de l’animal.
En référence à cette croissance des être vivants, l’architecture peut être perçue comme une élévation, comme un acte de transformation des forces de la pesanteur.
Par la position debout et la libération du crâne, le squelette humain porte déjà en soi cette transformation de la pesanteur.