Sommaire
- Une architecture généreuse en toute liberté
- Edmond LAY, architecte
- La leçon d’informatique
- Luc CAZANAVE, architecte
- Un humanisme écologique et spirituel
- Jean-Louis DUHOURCAU, architecte
Edito
Edmond Lay je ne l’ai jamais rencontré directement.
Je l’ai rencontré jadis, au carrefour des pages de la revue Techniques & Architecture, tombé sous le charme brutal des murs et de la grande toiture de la maison Auriol. Naissant de la force de la roche, l’habitat se dessine et évolue vers l’intime dans un raffinement géométrique et formel harmonisant l’espace intérieur. L’espace joue de son éclairage et de la façon de capter la lumière selon les regards qui le traversent.
Dans les travaux de E. Lay, l’architecture jaillit d’un point et “va vers“ ce qui l’entoure.
Encore à l’école d’architecture j’avais éprouvé une réelle fascination pour l’architecture écologique voire “chamanique“ de Paolo Soleri. J’appris plus tard qu’ils avaient travaillé ensemble, après qu’Edmond Lay ait rencontré F.L. Wright. La filiation dans la conception de leurs projets est évidente au regard de leur processus de ressenti, de pensée et d’émergence dans le lieu.
En architecture, la pensée écologique est une composante de l’architecture organique.
On y conçoit dans un esprit symbiotique avec l’environnement du projet. Symbiose des matières, des formes, des énergies.
La pensée organique est une dynamique de l’âme, elle déchire le voile des conventions qui nous sépare de la Nature. Le projet s’inscrit alors dans une continuité cosmo-tellurique, objet pensé, presque “sacré“ qui interagit de manière fluide entre deux règnes, comme l’arbre plonge ses racines et ses branches entre terre et ciel.
L’intention de celui qui le pense donne sa “couleur“ et son essence au projet, ce qui diversifie les formes résultantes et donne à chaque démarche son sceau reconnaissable à l’œil averti.
Car voir et regarder permettent de comprendre, ce sont de vrais outils de conception pour ensuite, avec le corps, par les gestes intuitifs et pensés, pouvoir transposer cette intention en réalité spatiale.
Il n’y a pas volonté d’originalité dans la démarche, juste une manière de penser, de recevoir l’ici et maintenant du projet qui, au lieu de plaquer des convenances économiques et formelles, au lieu de s’imposer avec l’arrogance de l’ignorant, mûrit avec modestie dans le rôle qu’il lui est demandé de tenir.
Dialoguer avec le génie du lieu, prolonger le sol et la terre vers un ciel reflété, jouer des transparences des parois pour mieux voir sans être vu – c’est-à-dire pour vivre en lien avec la nature environnante – l’organicité préside à la conception par la liberté du geste, affranchi de la référence orthogonale et des conventions.
Les réalisations architecturales au-delà des formes sont des mouvements de forces qui proviennent de l’intérieur de l’être humain et s’expriment vers le monde.
Ce mouvement, c’est l’intention du concepteur.
Celle-ci dépasse l’objet pour une finalité sensorielle qui réunis l’être à l’univers par une série d’évènements construits à de multiples échelles. C’est ainsi que pratique le sculpteur et donc aussi l’architecte.
L‘œuvre d’Edmond Lay témoigne de la joie, de sa passion
des êtres humains et de leurs savoir-faire. Profond connaisseur des éléments de
notre monde, aussi bien lourds comme les pierres que légers comme la lumière,
il a révélé les artistes dans les artisans, la beauté dans les matières …
L’amour est un matériau de construction…
Jean-Luc THOMAS avec Annick LOMBARDET
Architectes