Sommaire
- Architecture et santé, les influences de nos bâtiments sur la santé
- Carole HELFER, architecte
- Poétique de l’architecture, entre monde intérieur et univers extérieur
- Isabelle VAL DE FLOR, architecte
- Projets d’architecte : Luc Duina
Edito
En cette fin d’année 2008, se dévoile au grand jour le stupéfiant édifice du système financier globalisé.
Fruit d’une pensée à l’intellect démesuré, ce système fonctionne en étroite symbiose avec la machine informatique ; c’est une structure de mailles inter-connectées, couvrant la presque totalité de la terre, réputée par la rapidité de circulation de ses valeurs « fictives », et pilotée par quelques financiers et opérateurs hautement spécialisés.
Devenu « bulle » financière, ce système fou attire par les mots de : profit, pouvoir, possession, jeu, etc. C’est un labyrinthe obscur fait de contournement, de dérégulation, voire d’escamotage. Un langage codé, détourné, devient ici sol idéal pour le mensonge, celui-ci érigé en tactique reconnue.
Ce système n’apparaît-il pas, dans ce qu’il a de plus caricatural, comme un être surpuissant qui se contorsionne, s’effondre puis se relève s’il reçoit quelque nourriture substantielle, qui engendre tour à tour soit profit colossal, soit perte abyssale ?
En face l’homme se tient – ou sidéré, ou désemparé, ou la peur au ventre, ou bien dans un état de choc salutaire impuissant devant tant de puissance, ou réveillé en son humanité.
L’argent souvent mis au service de notre unique intérêt personnel ne pourrait-il être rendu à sa fonction essentielle : celle de circuler pour créer du lien social et irriguer de nouvelles façons les processus économiques ?
Dans le domaine de l’architecture, les matériaux ne pourraient-ils pas être utilisés au bénéfice de notre santé au lieu d’alimenter un circuit autonome de purs profits financiers, lié à la domination ?
Les savoir-faire ancestraux, dans lesquels le tact particulier de l’artisan sait relier au but recherché les substances, les techniques, les gestes, ne pourraient-ils être retrouvés, voire complétés, élargis par les nouvelles connaissances technologiques et mises au service de besoins profonds ?
Ne pourrait-on revivifier notre sensibilité à l’égard de l’espace environnant en percevant combien les formes influent sur notre comportement ?
En faisant appel à l’imagination, à la poésie, ne pourrait-on édifier des constructions dans lesquelles l’homme s’y ressente dans toute sa noblesse ?
L’homme a la capacité de restaurer une relation vivante à l’espace et aux êtres qui l’entourent : celle-ci est faite d’un ressenti toujours plus affiné, d’un réel intérêt questionnant et bienveillant, du respect d’autrui dans sa différence, et aussi d’une imagination créatrice qui conduit à des réalisations concrètes rendant à l’homme toute sa dignité.
Comme le disait le philosophe grec Protagoras : « L’homme est la mesure de toutes choses ».
Catherine PRIME